LA TAPISSERIE AU XIV° SIÈCLE                        51
Ung tappiz à Heurs de lys, que grans que petiz, à Feuvre de Damas.
Ung tappiz à ouvrage, où sont les Donze Moys de l'an.'
Ung autre tappiz à ymages, où sont les Sept Ars, et au desoubz l'estat des âges des gens.
Ung tappiz à ymages de l'Histoire du ducd'Acquictaine.
Ung petit tappiz à ymages de la Fontaine de Jouvence.
Ung grand tappiz et ung banequier vermeil, semez de fleurs de lys azurées, lesquelles fleurs de lys sont semées d'autres petites fleurs de lys jaunes, et au milieu un lion, et aux quatre coins bestes qui tiennent banières1.
Ung tappiz de Girart de Nevers.
Un autre chapitre, sous la rubrique tapisserie d'armoirie, con­tient l'énumération de cent trente pièces à verdures et autres ornements, dont les armoiries forment le principal élément. Puis viennent les tapis velus ou à haute laine, genre de la Savonnerie, qui ne rentrent pas dans le plan de ce travail.
Quelque succinctes que soient les désignations de l'inventaire du mobilier de Charles V, il en dit assez pour prouver que, dès 1380, le garde-meuble royal contenait une riche collection de tentures. Tous les genres alors en faveur s'y trouvaient représentés, depuis les sujets religieux ou fabuleux, comme la Passion du Christ et la Vie de saint Denis, comme les épisodes des Chansons de geste et des B-omans de chevalerie, jusqu'aux scènes tirées de la vie contempo­raine, motifs de chasse ou simples verdures.
Une faible partie seulement de ces trésors reparaîtra plus tard clans l'inventaire des tapisseries de Charles VI, dressé en 1422 par les Anglais, alors que, maitres de Paris, ils s'approprièrent, pour les emporter ou les vendre, tous les trésors du malheureux roi de France. Bien peu des tentures de Charles V sont inscrites dans ce second inventaire ; on y voit figurer par contre beaucoup de sujets nouveaux, acquis sous le règne de son successeur. Preuve certaine de la négligence des gardiens de ces précieux tissus. Alors que quarante années suffisaient pour causer la destruction de la plus grande partie du mobilier de Charles V, doit-on s'étonner
1 La tapisserie de la dame à la licorne, aujourd'hui au musée dc Cluny, offre une disposition à peu près analogue.